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Bordeaux, dimanche 1er avril 1838.

Histoire du commerce de Bordeaux. — Enfin beau soleil, après cet hiver abominable et si long. On est bien plus sensible au climat en pays étranger que dans le lieu de la résidence habituelle. On a de nouvelles habitudes à former pour tous les petits détails de la vie.

Je ne sais jusqu’à quel point le lecteur me permettrait de lui parler de l’histoire du commerce de Bordeaux. Hier soir, chez madame Gir…, j’ai trouvé un ancien canonnier fort brave, contre Charette, qui m’a raconté sa jeunesse.

Avant 1792, Bordeaux envoyait tous les ans huit à neuf cents navires à Saint-Domingue et aux autres colonies. Les chargements étaient toujours les mêmes et assortis. En première ligne les vins de Bordeaux, les eaux-de-vie de Cognac, les farines fournies par les environs de Bordeaux, les savons, les huiles, les fruits secs venant de Marseille par le canal du Midi, des toiles, des chapeaux, etc… En un mot, une fois le vaisseau à Saint-Domingue, un planteur pouvait monter à bord et retourner à son habitation complètement équipé et approvisionné. Les bâtiments revenaient chargés de sucre et de café, que la Russie,