Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/110

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la Suède, Hambourg, tout le Nord venaient acheter à Bordeaux. Il y aurait eu des obstacles pour les marins du Nord allant aux colonies françaises ; et d’ailleurs, qu’y auraient-ils porté ? Par bonheur pour les pauvres jeunes gens sans fortune, il n’était pas d’usage que les armateurs missent sur leurs vaisseaux de petits objets tels que modes de Paris, gants, etc… Ces détails étaient laissés aux commis de la maison et aux officiers du vaisseau.

Un jeune homme de Périgueux, de Limoges, de Bergerac arrivait à Bordeaux et, par quelque recommandation, parvenait à être commis dans une maison. Après deux ou trois ans, car tout va vite à Bordeaux, il obtenait, par sa bonne conduite, la permission de placer une petite pacotille de menus objets à bord d’un des bâtiments de la maison.

Il allait chez un des marchands fournissant ces objets, lui faisait sa demande ; le marchand le renvoyait au lendemain et le soir, à la Bourse, demandait des renseignements à l’un des chefs de la maison dans laquelle il travaillait. Les renseignements étant favorables, il livrait sans difficulté à ce jeune commis une pacotille qui lui était payée, six mois après, au retour du navire. Le commis n’avait eu à payer