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l’acquisition ; n’est-ce pas le mot ? Dès qu’il voyait de beaux fruits ou une jolie bagatelle, M. de Secondat ne pouvait résister à l’envie de s’en emparer, mais le valet qui le suivait avait ordre de tout payer.

Les trois jolis petits garçons que nous avons vus ce matin à La Brède et qui portent le nom de Montesquieu, ne descendent du grand homme que par les femmes tout au plus.

Parmi les portraits de famille qui entourent la principale fenêtre de la bibliothèque, nous avons trouvé plusieurs portraits de famille placés à contre-jour et l’on a bien fait de les placer ainsi. Une vieille dame fort sèche, de race ibère, tient à la main une lettre sur laquelle j’ai lu la date : Agen, 23 septembre 1723. La famille de Montesquieu était originaire de l’Agenais. Mme G. nous a dit que Montesquieu maria une fille à lui, d’infiniment d’esprit, à un cousin peu aimable qu’il fit venir d’Agen pour continuer le nom. Montesquieu eut un fils, et, par égard pour le sacrifice qu’il avait imposé à sa fille, il ne lui fit pas porter le nom de Montesquieu. Le second des beaux enfants auxquels nous avons adressé la parole, ce matin, sur le perron intérieur du château, vis-à-vis le passage qui con-