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M. *** de Bordeaux a eu la patience de recueillir tout ce qui regarde sa ville.

Ausone, rhéteur nigaud, né auprès de Bordeaux, fournit dans ses vers quelques idées vagues pour la description de Burdigala.

Pendant les deux siècles qui précèdent la réunion définitive de Bordeaux à la France, opérée en 1451, par le traité de Charles VII, cette ville était gouvernée à l’anglaise c’est-à-dire un peu comme nous le sommes depuis 1815. Le peuple assemblé était consulté sur toutes les affaires essentielles et, souvent, il était d’un avis différent de celui du prince.

Pendant 11 ans, de *** à ***, Bordeaux eut pour roi le grand homme qui habitait dans ses murs.

En s’unissant à la France, Bordeaux tomba dans une monarchie absolue, où le favori décidait despotiquement de tout ; de là ses fréquentes révoltes. Aucun des nigauds vendus qui ont écrit son histoire n’ont vu ce grand fait.

Il était naturel que Montaigne et Montesquieu naquissent dans ce pays qui, du gouvernement raisonnable, était tombé dans le favoritisme, et s’en irritait d’autant plus qu’il ne voyait pas nettement son cas. Les esprits à Bordeaux n’étaient pas avilis par l’habitude de la servilité ; on avait vu la tête de Duretête exposée sur