Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/148

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

certes un dévot que l’on ne peut pas accuser d’hypocrisie.

Enfin, nous voici arrivés à Édouard, prince de Galles, plus connu sous le nom de Prince Noir. Son règne fut la gloire et le bonheur de Bordeaux. Édouard III, son père, l’envoya à Bordeaux. Il alla ravager le Languedoc, profitant, avec le flegme anglais, de la jalousie des généraux français qui commandaient les troupes nombreuses que le roi Jean avait en cette province. Le Prince Noir, ainsi nommé de la couleur de ses armes, revint à Bordeaux, chargé d’un immense butin.

Que dire de ce grand homme ?

Comment se borner ? La bataille de Maupertuis et de Poitiers, avant laquelle le prince ne pouvait concevoir la plus légère espérance, est intéressante comme un roman et bien plus qu’un roman, si le lecteur a plus de trente ans. Il faut la lire dans Froissart (tome I). Les circonstances et discours qui précèdent la bataille sont admirables.

Le roi Jean, prisonnier, s’était battu avec un rare courage, tandis que le Dauphin prenait la fuite ; il fut amené à Bordeaux et logé au palais gothique de Saint-André, si gauchement remplacé en 177* par le plat bâtiment où est aujourd’hui la mairie.