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au Pont-Neuf. J’y ai vu descendre et remonter la marée.

La rive droite rappelle le coteau de Lormont à Bordeaux ; c’est une suite de mamelons recouverts de jolis bosquets de bois. Malheureusement, dans le Midi, on plante toujours des ormeaux ; ils ne sont pas encore verts aujourd’hui, 16 avril, tandis que, hier, près de Bayonne, j’ai vu un marronnier fleuri. Ce qui fait plaisir, c’est la première verdure qui semble dire : « Voici le printemps, l’hiver est fini. » Le bas de l’Adour est gâté par des buttes de sable, hautes de 30 ou 40 pieds, revêtues de pins, qui est bien l’arbre le plus laid qui existe. Renonçant à voir la mer, qui est trop loin pour un voyageur qui a passé la nuit en voiture, je me suis assis sur une de ces landes ; cela est complètement laid.

C’est avec toute la simplicité possible que le sous-préfet m’a donné une passe pour l’extrême frontière et m’a recommandé pour le voyage à Fontarabie. C’est pourtant la troisième fois dans ce voyage que je trouve de la simplicité dans un fonctionnaire public. À Paris, les plus agréables veulent faire de la grâce, ce qui oblige à faire sentir l’importance du service que l’on rend. J’ai été vivement frappé de l’obligeance simple et rapide de ce sous-préfet, dont je n’ai pas pu lire la signature.