Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/159

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Comme il pleuvait de dix heures à midi, beaucoup d’hommes se promenaient dans le cloître qui touche à l’église ; il est sérieux et noble ; c’est la seule chose ici qui m’ait donné cette sensation.

Beaucoup de rues de Bayonne sont pavées en petites pierres pointues comme Lyon, mais elle a ce bonheur que la rue principale a des arcades des deux côtés comme Bologne ; c’est là que je me suis réfugié après la messe. On voit sur une boutique : Almacen d’habillemens de Paris pour Magasin ; ce mot espagnol s’emploie fréquemment dans ce sens. Les quais de la Nive et quelques rues qui y aboutissent ont aussi des arcades, qui étaient fort utiles, ce soir, par le froid qu’il fait après la pluie.

Le génie vient de bâtir en 1834 une belle porte militaire le long de la rive gauche de l’Adour, mais beau, en fait d’architecture militaire, ne veut dire que raisonnable. Le génie a bordé la rive droite de l’Adour d’une belle grille, dans le double intérêt d’empêcher des débarquements d’ennemis et de marchandises de contrebande. Cette grille porte aussi la date 1834. J’ai suivi la rive gauche de l’Adour pendant une demi-lieue, cherchant la mer que je n’ai pas trouvée (comme à Vannes). L’Adour est une belle rivière, large comme la Seine