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première fois de cette année un peuplier complètement feuillé. Une trentaine de peupliers d’Italie, situés vis-à-vis ma fenêtre, au delà du rempart, au couchant, sont feuillés autant que possible. Deux vastes flaques d’eau sont effleurées par les hirondelles, et, ce matin, beaucoup de grenouilles y chantent agréablement.

Les femmes du peuple, même cossues, sont coiffées du mouchoir dont on laisse échapper trois bouts, le troisième beaucoup plus long que les deux autres. Cette coiffure toujours fraîche (le mouchoir, je pense, ne sert qu’un jour), a, suivant moi, beaucoup de grâce.

Au levant de la place d’armes, tout près de la belle grille qui porte la date de 1834, j’ai remarqué en arrivant un superbe bâtiment carré, composé d’arcades sur toutes les faces et qui n’en est encore qu’au premier étage. Si, comme un enfant me l’a dit, c’est une nouvelle Comédie, rien de plus judicieux et de plus joli. S’il y a des voitures dans la ville, chacun pourra donner rendez-vous à sa voiture à une arcade différente et le chargement sera fait en un instant. Dans les grandes chaleurs et en hiver, on se promènerait sous celle des quatre rangées d’arcades qui serait la plus fraîche ou la plus chaude. Ce plan était celui du théâtre de Moscou que l’armée