Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/166

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la crainte du départ de la diligence, je serais encore dans ce café.

J’en sors par une pluie d’orage infâme ; c’est cette pluie qui avait fait entrer le sergent. Un vieux soldat espagnol m’offre du feu de son brûle-gueule ; ensuite il me demande l’aumône noblement, sans mine piteuse.

Une sorte de gendarme disgracié, sorte de colosse grossier à figure dure, prend la seconde place du coupé. Il s’est trouvé que c’était un homme de bon sens, mais avec la finesse d’un procureur. C’est, autant que je puis le comprendre, l’officier payeur du régiment dont une partie occupe Saint-Jean-de-Luz (le 37e peut-être).

Il descend à Saint-Jean-de-Luz et est remplacé par un Espagnol (qui ne me salue pas en s’asseyant mais fort bonhomme au fond, c’est-à-dire que quand nous avons parlé, à la seconde réplique, mon âme est bien avec la sienne, tandis que plus je parlais au trésorier, plus je tenais mon quant-à-moi. C’est évidemment un paysan narquois qui a fait fortune, je veux dire qui est devenu capitaine).

Jolies petites vallées en quittant Bayonne, couronnées par d’agréables maisons de campagne appartenant aux négociants de Bayonne. Il y en a beaucoup de riches, me dit mon procureur narquois