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(capitaine-trésorier). À Bayonne personne n’a une maison tout-à-fait de luxe (je disais hôtel, mon procureur comprend auberge). Les plus riches louent le rez-de-chaussée de leur maison qui fait magasin. Beaucoup de riches juifs, ajoute le procureur.

Enfin je vois la mer à droite de la route et à petite distance. Vrai plaisir ; je ne l’ai aperçue que de bien loin à Pauillac. Elle a de grosses vagues blanches ; elle est furieuse à cause des effroyables rafales de vent d’ouest ; il fait soleil et il pleut toutes les heures. J’ai essuyé trois averses aujourd’hui sans tenir mon parapluie ouvert.

À dix heures nous sommes à Saint-Jean-de-Luz ; on passe deux ponts.

Sur les deux branches du port, la mer a déjà mangé la moitié de la ville. Ce que j’ai entrevu de la ville près du port est singulier. Pas de murs mitoyens. Chaque maison est séparée de la voisine par un espace vide d’un pied ; les incendies doivent être rares.

Les volets des fenêtres ont de forts crochets qui les retiennent à distance formant un angle de 45 degrés avec le mur. Plusieurs maisons portent la date de leur construction au-dessus de la porte ; l’inscription est sur pierre et les lettres sont saillantes. Je remarque une maison de