Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/171

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peut mieux située pour ces frontières, à gauche au bout du pont.

Il pleut à verse ; il n’y a pas de voiture à Behobie, ni un bateau couvert ; je me mets bravement à rentrer à pied et par une pluie battante. Le vent ne me permet pas de tenir mon parapluie ouvert, même à moitié. J’aurais dû attendre, mais l’attente est plus pénible que la pluie.

Air misérable du soldat christino dont j’aperçois la tête au bout du pont. Un chef de bataillon français ; sa fatuité ; il parle de ce qu’il a fait et rapporte un dialogue avec ses soldats qui lui disent commandant.

Une foule de soldats misérables encombre le pont d’Irun. Je monte dans la rue ; on chante avec accompagnement de guitare ou plutôt de tympanon dans une grande maison délabrée, à droite de la rue. Irun est situé sur une petite éminence où j’arrive solidement mouillé après une demi-heure. Foule de soldats et d’officiers devant l’auberge. Tous ont de beaux yeux et me regardent comme une bête féroce dont on trouble le repos. (J’estime et aime beaucoup la logique ; je prie ceux qui, par hasard, liront ceci de pardonner cette comparaison ; je ne trouve pas d’équivalent et elle est juste.)

Les officiers et soldats occupaient la