Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/192

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par la bizarrerie, l’humeur, le besoin de penser à autre chose disparaissent ; la vue de l’esprit est nette.

Donc voici l’idée : aller chercher la chaleur à Marseille. Si je la trouve, en profiter pour mettre ce journal à jour, plus, voir La Ciotat, Grasse (recommandé par le capitaine trésorier), Aix. Puis, quand il ne fera plus froid, revenir à Tarbes ou même ici et, par les petites diligences, aller à Oloron, Bagnères, etc… afin d’entrevoir les Pyrénées, s’il se peut. (Jusqu’ici, elles m’ont l’air un peu de montagnes pygmées ; je les ai traversées en 1828 à Figuières, un de ces jours jusqu’à Fontarabie, à leurs deux extrémités, en me disant : « Pyrénées ubi es ? ») Demain, aller à Tarbes, après demain, Auch, Toulouse, Carcassonne, Narbonne.

Si le froid me persécute encore à Tarbes, aller, sans m’arrêter que pour coucher, à Marseille (j’ai réellement froid en écrivant ceci, de 8 à 10, le 20 avril à Pau). S’il fait chaud, voir en détail Arles au passage.

À une heure donc, je déjeune, puis je sors, triomphant.

Le Gave de Pau, rivière assez large, puisque le pont a sept arches. Tout contre le Gave se trouve une colline fort étroite, haute de 200 pieds peut-être ; là-dessus on a bâti Pau. Cette colline est fort étroite