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gradu de Nantes et de Bordeaux). Ce beau de Pau me frappait surtout à cause de la laideur de Bayonne. L’intérieur de Bayonne souvent est aussi laid que l’intérieur de Saint-Malo et pour la même raison, le manque absolu d’espace dans une ville fortifiée, ou dans une île, comme Saint-Malo.

Il faisait froid et humide ce matin à sept heures à Pau. J’étais brisé à cause du froid, je pense. Trente petits gamins nous assiégeaient criant : cirer les bottes. Le débâchement de la diligence s’est opéré avec une extrême lenteur. Heureusement j’ai eu le courage de chercher dans mon portefeuille l’adresse d’un bon hôtel. J’avais été si complètement trompé pour San-Esteban de Bayonne que je me rappelais le vers de Fabre d’Églantine :

Et du Hasard tout seul, j’attends un honnête homme.

Après une auberge exécrable à Bayonne, je tombe dans un hôtel excellent à Pau (l’hôtel de France sur le jardin nommé place Royale). Excellent hôtel, excellent thé, attentions délicates, excellent ton des domestiques, excellent lit, jolie chambre ; je dors de sept heures trois quarts à midi. Quand je me trouve bien, j’ai des idées ; je domine la position ; les nuages élevés