Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/208

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de la promenade d’arbres assez chétifs. Ce bon intendant s’appelait et se surnommait d’Étigny. Il a le nez de Socrate et une face de Jocrisse, qui probablement passait pour de la noblesse aux yeux des sculpteurs de ce temps-là. Je n’ai pas trouvé de date sur la base de la statue, d’ailleurs couverte d’inscriptions bien curieuses. Ce sont des extraits des dernières lettres que M. d’Étigny écrivait au contrôleur général. J’ai lu ce matin la proclamation du préfet d’Auch à l’occasion de la fête du 1er mai ; je croyais que rien ne pouvait être plus plat. Les lettres de M. d’Étigny rappellent davantage le style de cet excellent M. de Florian, si cher à la bonne compagnie du siècle de Louis XVI et qui faisait des bergeries sans loups. Il faudra que je copie quelques phrases de M. d’Étigny. On voit un honnête homme, digne de ressembler à Socrate, à l’énergie près.

La statue de cet intendant de finances et de justice a son chapeau à plumes à gauche, et, à droite, une corne d’abondance et une roue.

Un officier a la bonté de m’indiquer comme le meilleur café le café Dairoles, situé au second étage entre la statue de M. d’Étigny et la cathédrale. Excellente conversation des officiers de chasseurs et de dragons qui viennent prendre leur