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est un sanglier ; un homme effrayé et à demi nu oppose à ce sanglier, qui ne le regarde pas, un épieu brisé. Le sanglier magnifiquement peint du reste, est frappé de sang-froid comme tous les autres êtres animés du tableau, les chiens exceptés. Le sanglier regarde un homme qui, de sang-froid aussi, place un épieu dans sa gueule.

Un gros bourgmestre à cheval paraît au-dessus du sanglier et, d’un grand sang-froid, touche de son épée le haut de la tête du sanglier. Les chiens seuls sont admirables ; on peut dire qu’ils sont au-dessus de tout éloge ; plusieurs sont tout en sang et c’est probablement pourquoi ils prennent la chose fort au sérieux.

Il y a six chiens, neuf figures humaines et deux chevaux. Le peu qu’on voit des feuilles des arbres est bleu. Deux femmes, assez jolies, regardent ce sanglier à trois pas d’elles, avec le plus beau sang-froid. Ce tableau me semble improvisé ; le dos du sanglier n’est même pas achevé. Hakkert, à Naples, finit bien autrement ses sangliers, mais où est le feu divin ?

L’Assomption de Louis Carrache fait pâlir tous les tableaux qui l’environnent ; c’est à peu près son seul mérite. La tête de la Madone est commune et son geste exagéré ; elle ouvre les bras avec violence. La force du clair-obscur et la franchise des