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qui, dans le tableau de Raphaël, rachetait la gaucherie de la position des bras et des jambes. Loin d’être inspirée comme la tête du même saint Jean, écrivant aussi son évangile, du Dominiquin, à Sant’Andrea delle Fratte à Rome, la tête est niaise ; quant au mal peint des bras et de la jambe nus, il est frappant. Je ne vois de bien peint dans tout le tableau que les serres de l’aigle et les doigts de la main gauche.

Tout cela posé, je suis loin de croire que Raphaël n’a rien fait de médiocre, mais, en regardant ses figures les moins parfaites avec un tel degré d’attention, l’âme fait abstraction avec une telle violence de ce qui la chagrinerait mortellement chez un peintre médiocre, que ses moindres ouvrages font un effet prodigieux. On chercherait en vain à se le dissimuler ; tel est le malheur qui suit la duperie de voir des tableaux médiocres, que l’on contracte l’habitude de n’accorder que très peu d’attention aux tableaux qui ne portent pas un grand nom.

Ce musée de Marseille ne peut pas lutter avec celui de Montpellier pour le nombre de ces tableaux, un peu au-dessus du médiocre, qui charment et séduisent le vulgaire, mais, dans le fait, il lui est bien supérieur. Il a de Jules Romain trois cavaliers