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mort en la signant. Je voudrais bien que le portrait fût reconnu ressemblant. Le livret l’attribue à Van Dyck, ce qui est absurde. Le comte, dans ce portrait, a une tête du midi ; c’est un gros commis-voyageur de Nîmes, sans finesse ni noblesse, mais il a de l’énergie et regarde avec une profonde mélancolie.

Le portrait de Madame de Pompadour, sous la figure de l’Aurore, comme dit le livret, est de Nattier.

Ce musée a un Christ battu de Rubens (no 130) ; beaucoup de chairs bien ignobles et bien rouges. Platitude énorme et surtout manque du souffle divin dans l’homme-Dieu.

Un tableau bien curieux, bien singulier de Rubens, c’est la Famille du Prince d’Orange. Le prince est ridicule de formes et d’expression. Il est vêtu à l’antique comme le Louis XIV de la porte Saint-Denis ; il a le genou nu, et ce genou est estropié. Mais les têtes des enfants sont fort bien ; un peu moins bien la tête de la princesse, dont la laideur ne doit pas être mise à la charge du peintre qui, sans doute, a menti autant que possible.

Ce tableau, fort grand, est entouré de 38 médaillons peints en grisaille, couleur bistre. La plupart de ces médaillons ronds présentent deux têtes et ils portent des