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à Rome vers 1780 ; c’est la Madone, saint Roch et des pestiférés. Comparé à Restout, Van Loo, Coypel, c’est un chef-d’œuvre. La figure nue, couchée sur le premier plan, n’est pas mal ; le dessin est beau et ne manque pas de vigueur. Mais toutes les chairs sont grises. C’est d’avance le coloris de M. Ingres. La madone a du rouge.

À droite du Puget, M. Gérard a peint Mgr de Belzunce distribuant du pain aux malheureux. Ce grand homme, de tant d’esprit, a fait cadeau de ce tableau. On me raconte à ce sujet le cadeau forcé auquel il fut obligé. Nous parlerons de ceci plus tard.

On voit, vis-à-vis les croisées, le buste du jeune médecin français Mazet que son zèle avait conduit à Barcelone lors de la fièvre jaune. Le Roi l’établit à l’Intendance sanitaire. Par égard, je ne nommerai pas le peintre.

M. Paulin Guérin a peint le dévouement du chevalier Roze allant faire enlever 1.200 cadavres depuis 15 jours sur l’esplanade de la Tourette. Son grand cœur indigné pour l’affreux péril lui fait découvrir que deux antiques bassins donnant sur la mer sont creux ; il y fait transporter ces tristes débris. Roze n’était qu’un bourgeois. C’est M. de Belzunce