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littoral de Gênes. La culture ferait croire à chaque moment qu’on est à Sestri ou à Nervi. Mais absence totale d’architecture et de cafés et mauvaise odeur dans les rues, où l’on fait toujours un peu de fumier suivant l’exécrable usage que j’ai déjà trouvé à Aubagne et au Luc[1].

On n’a pas besoin d’aqueduc ici. À la partie la plus élevée de la ville, une belle source sort de terre ; je suis resté longtemps à contempler ce spectacle du haut du parapet qui domine la source.

Ici, aucun luxe, m’a-t-on dit. Un homme qui a cent mille francs de fortune porte un habit râpé et Grasse compte plusieurs millionnaires tout aussi mal vêtus que le reste de ses citoyens. En revanche, les demi-paysans, qui, aujourd’hui dimanche, peuplent la magnifique terrasse, ont l’air fort cossu.

Le plus bel endroit de cette terrasse, celui où, en Italie, il y aurait force cafés, est occupé par l’hôpital général. J’admets qu’il y ait un hôpital, mais il faudrait le bâtir hors de la ville et rendre le bâtiment actuel à la civilisation. Si les habitants avaient du luxe, ce serait leur lieu de réunion et de plaisir.

  1. Sous ma fenêtre, à Grasse, reste de gothique élégant, celui qui précède la Renaissance. Y a-t-il du gothique noir, triste et sévère en Provence, si près d’Arles, de Fréjus et de Nîmes ?