Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/317

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Voici encore une ville qu’un homme ruiné pourrait choisir pour refuge : Granville ou Grasse ; là-bas, la civilisation, la fréquence des idées ; ici, le climat et la charmante culture, et le pauvre diable ne serait pas poursuivi par le luxe des autres, comme à Granville. Je dis cela pour l’acquit de ma conscience, car, à mes yeux, il faut se placer à cent pas de la mer, et non à deux lieues. Ensuite, la moindre petite ville de la côte de Gênes est cent fois supérieure à ceci, mais l’on est en France ici et l’on n’a pas à songer au gouvernement. Le journal arrive de Paris le cinquième jour de sa date.

Réellement, je suis poursuivi jusque dans ma chambre par une certaine odeur de résine qui me fait mal à la tête et qui pourrait bien être l’odeur de la parfumerie de Grasse.


Cannes, 21 mai[1].

Situation à souhait. Là, me disais-je, quand on a horreur des tracasseries du passeport, on peut passer en paix le soir

  1. Arrivé à deux heures le lundi 21 mai. Il pleut un peu toutes les heures, mais soleil : logé à l’hôtel du midi (M. Gimbert, hôte complaisant, mais pas de vue ; maison vis-à-vis le midi). Je suis parti de Grasse en tilbury ; c’est selon moi la seule façon de voyager. Je trouve..... le traîne au pas,