Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/38

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mais je n’avais eu garde d’y entrer.

Les peintures qui sont au-dessus des autels plaqués contre les deux murs de cette nef unique, ont un genre de mauvais [goût] particulier. Elles sont bien loin de l’habileté manuelle et de la nullité emphatique de l’école de 1837. Ces tableaux ont l’air de coups d’essai de commençants. Cela rappelle l’innocence d’une église de campagne et n’irrite pas en colère comme des tableaux prétentieux et sots.

Vis-à-vis la chaire, à droite, il y a une assez bonne copie du Martyre de saint Pierre du Guide (Vatican).

J’ai lu attentivement le mandement pour le carême de M. l’archevêque Donnet qui m’a semblé fort supérieur aux mandements ordinaires, quoique toujours déclamant contre la raison humaine. M. l’archevêque, que l’on dit homme d’esprit, a bien raison : la forme de notre gouvernement fait sans cesse appel à l’examen personnel et nous excite à la méfiance. Que va devenir la religion au milieu de ces deux cruels ennemis ? En général, le Français de nos jours a peur d’être pris pour dupe, méprise toutes choses, voit partout des Robert Macaire et ne croit à rien. Voilà le résultat de tous les propos que je surprends depuis huit jours que je suis en voyage. J’ai tenu note de tous les propos