Page:Stendhal - Voyage dans le midi de la France, 1930.djvu/43

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avec moins de grandiose, l’architecture aérienne et charmante des tableaux de Paul Véronèse ou des belles rues de Gênes. Notez que si j’eusse rencontré une église ainsi peinte en Italie, je n’aurais pas eu assez de paroles pour exprimer mon mépris. Mais nous sommes ici au milieu d’un désert aride ; une petite source d’eau saumâtre fait notre bonheur.

Assez bon tableau de saint Jérôme à droite en entrant ; ensuite quelques copies supportables, couleur gris jaune, de quelques tableaux de Le Sueur, sublime encore malgré cette transformation. Le Sueur me semble décidément le premier peintre de France. Si sa main avait su le métier, son âme avait quelque chose à dire, tandis que Poussin ne me semble qu’un corollaire de Raphaël, de la force de Polydore de Caravage par exemple, plus quelque talent pour le paysage.

Dans une chapelle à gauche du chœur, ridicule épitaphe de Mme Béziade d’Avaray, 1691, femme de M. de Sourdis, lieutenant général, qui s’appelle lui-même illustre. La littérature de la monarchie, mêlée d’idées chevaleresques, ne peut pas produire une bonne épitaphe. Ses sentiments toujours mêlés de comédie nécessaire, sont trop au-dessous du vrai sérieux. La monarchie a peur que la simplicité ne