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là douze ou quinze maisons toutes magnifiques et plus grandioses qu’à Paris. Il y a bien encore quelques consoles, quelques ornements avec guirlandes de fleurs ; c’est le grand ridicule de l’architecture de Louis XV. Le Capitole à Toulouse est bien couronné par une contrebasse !

Paris n’a rien de comparable à ce rang de maisons donnant sur un jardin immense, voyant à droite la Garonne, chargée de navires, et, au delà, la colline de Lormont. J’apprends que les navires qui ont leur pavillon au haut du mât sont en partance. Les navires français sont près du pont, ce qui y a appelé le commerce de détail et jeté dans le fatal état de non à la mode ces belles maisons bâties sur le modèle de la place Vendôme. Les navires étrangers prennent place vis-à-vis des Chartrons ; de là, la plupart des riches négociants de Bordeaux habitent ce quai magnifique ou la superbe rue Pavée des Chartrons.

La plupart des rues de Bordeaux ont des noms ridicules donnés par la flatterie. Une circulaire du ministre de l’intérieur devrait défendre, à partir de l’an 1850, de donner aux rues et places des noms d’hommes vivants. Il arriverait de là que les ministres actuels seraient les derniers grands hommes qui recevraient ce genre d’honneur. Pas une rue Vergniaud ; pas