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une rue Valazé. La seule rue bien nommée est celle où est mon hôtel : rue Esprit des Lois.

Par ce beau soleil, rien ne peut être comparé à la place Tourny ouvrant sur les Quinconces. Toutes les maisons bâties au couchant, datant du temps de cet excellent intendant M. de Tourny (1743 à 1757), n’ont qu’un premier étage avec ornements de guirlandes de fleurs sculptées. Toutes les maisons bâties au levant depuis 1817 sont magnifiques et seraient dignes de l’Italie, si la corniche du toit avait plus de saillie et que l’on n’eût pas tant sculpté les appuis, les couverts de fenêtres et les malheureuses petites consoles supportant le toit. Il n’y a rien de mâle dans toute cette architecture ; on soupire pour le sérieux sombre d’une rue d’Arezzo. Quel effet produirait ici la magnificence gaie du Palais de la Poste aux lettres de Venise ? (J’oublie le nom de l’illustre maison qui l’a vendu.)

Un bordelais, homme d’esprit, qui m’a vendu des vins hier, blâme beaucoup les deux colonnes rostrales placées au levant des Quinconces et qui sont justement le seul ornement de Bordeaux, joli et bien placé. Mais elles n’ont encore été vantées dans aucun article de journal venant de Paris.