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long de la rivière. Les anciens murs au bord de la rivière ont des assises de briques mêlées à la pierre. La Garonne fait un brusque détour à droite en fuyant le rocher de Tonneins. Peu après, elle reçoit le Lot, fort gros dans ce moment. J’oubliais de dire que les bords de la Garonne portent tous les signes d’une inondation récente. Les brindilles entraînées par l’eau sont restées attachées aux branches des vernes et des saules à huit pieds au-dessus du niveau actuel, et cependant beaucoup de prairies basses, plantées de saules, sont encore couvertes d’eau.

Malgré cet état de la rivière, notre bateau qui ne tire pas deux pieds d’eau trouve le secret de toucher et de s’engraver un instant, et la petite soupape, pratiquée sous le bateau pour fournir de l’eau à la pompe est tellement dérangée par cet accident que la vitesse du bateau, si l’on peut appeler cela vitesse, qui était d’un peu plus d’une lieue à l’heure est réduite à trois quarts de lieue. On commence à dire sur le bateau que nous verrons Agen bien après cinq heures du soir, heure accoutumée de l’arrivée. Quoique nous ayons assez froid, j’accroche un coup de soleil et tout-à-coup je me sens la figure brûlante. Changement de peau le lendemain.

Mais on s’arrête pour embarquer du bois