Aller au contenu

Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/121

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

accommodée à sa façon, pour l’appliquer dans son pays à la jeunesse noble des deux sexes. Un plein succès couronnait ses efforts, et les cours de l’abbé Gaultier étaient fréquentés par les enfants des premières familles du faubourg Saint-Germain[1]. Parmi les innovations dont une longue expérience lui avait montré l’avantage, je me rappelle l’institution des jeunes professeurs, dont la vivacité et l’enjouement donnaient à l’enseignement un entrain que rien ne saurait suppléer dans l’éducation de l’enfance. Ces très-jeunes gens — quelques-uns n’avaient guère plus de quinze ans — formés à la douce image du bon abbé, et dont plusieurs sont encore aujourd’hui en très-bonne renommée pédagogique[2], nous plaisaient et nous animaient au travail. Par des considérations tirées également de l’expérience, et avec un succès non moindre, l’abbé Gaultier ne séparait pas, dans ses classes, les jeunes filles des jeunes garçons. Il pensait apparemment — ce que l’on pense à peu près partout, hormis en France, — que l’attrait qu’exercent l’un sur l’autre les enfants des deux sexes, loin d’introduire le désordre, favorise la politesse, le désir de se distinguer, « le

  1. Je me rappelle entre autres : les demoiselles de Crillon, de Roncherolles, de Béthune, etc.
  2. Je citerai entre autres : MM. Colard, Ducros, Bréval, Demoyencourt ; M. de Blignières, dont le fils devait se faire un jour disciple de M. Auguste Comte, et s’est consacré tout entier, après la mort du maître, à la propagation des doctrines positivistes.