Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/210

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J’avais le cœur serré, l’âme inquiète. C’est à peine si je pouvais retenir mes pleurs. À un mot que me dit ma mère de ses projets de divertissements pour moi, de bals, de spectacles, je fus sur le point d’éclater et de la supplier de me ramener au couvent, cette fois pour n’en plus sortir. Je ne sais quel effroi du monde où j’allais entrer troublait mes esprits. Pourquoi ? Je n’aurais su le dire. Je ne voyais devant moi qu’annonces et promesses de la plus douce existence. Et pourtant j’avais peur : peur de ma jeunesse, peur de la vie ! Le souvenir de mon père me revenait avec une intensité douloureuse ; et j’étais triste à mourir.