Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/214

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établies. Sa passion pour mon père l’avait jetée un jour dans la révolte, mais ce n’avait été là qu’une fougue passagère et elle était vite rentrée dans l’ordre et la règle.

Longtemps indifférente en matière de religion, ma mère, lorsqu’elle se fit catholique, obéit à un besoin de pratique et de strictes observances plutôt qu’à une conviction raisonnée de la supériorité du dogme. Elle ne connut pas le zèle des néophytes. Son bon sens, sa modération, sa simplicité d’âme la préservèrent, là comme ailleurs, de tous excès ; elle ne pratiqua ni les macérations, ni les mortifications, ni les jeûnes, ni aucune des rigueurs ostentatoires de la haute dévotion ; elle n’aima point à s’entourer de prêtres, et n’entra jamais dans les arrière-fonds de la sacristie. Dans un temps où la cour était dévote et la compagnie de Jésus souveraine, la suggestion ne lui vint pas, comme à tant d’autres, de faire servir à ses intérêts mondains sa conversion, moins encore de se faire, à son tour, convertisseuse. Elle demeura, après comme avant, incapable de calcul, exempte de préoccupations ambitieuses ou égoïstes, exempte même de cette légitime personnalité qui donne à la vie l’impulsion et le caractère.

Au moment présent, ma mère, qui avait renoncé depuis longtemps à la fréquentation du temple luthérien, De paraissait pas très-intéressée aux. choses du ciel.