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Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/237

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Les demoiselles à marier écoutent et regardent : c’est un enseignement dont il faut tirer profit.

Cinq ou six jours après la signature du contrat, avaient lieu, dans la même matinée, le mariage à la mairie et le mariage à l’église. La noblesse ne s’était pas encore accoutumée à prendre au sérieux le mariage civil. La jeune fille surtout ne se croyait engagée que par le oui dit à l’autel. On riait de l’écharpe de monsieur le maire, du petit discours d’office qu’il prononçait. La gravité ne paraissait sur les physionomies qu’en entrant à l’église. La contenance de la demoiselle était réglée à l’avance. Il fallait qu’elle fût émue, point trop, on ne lui voulait pas les yeux rouges, ni les joues trop pâles. Quant aux parents, il était d’usage que le père fût grave ; la mère, sans manquer aux convenances, pouvait, en conduisant sa fille à l’autel, paraître radieuse ou désolée. Il lui était permis de pleurer ou de triompher. Après la messe, elle ramenait sa fille chez elle. Le départ, à la façon anglaise, des nouveaux époux, le voyage de la lune de miel n’était pas encore en usage. Il eût paru de la dernière inconvenance.

On ne s’inquiétait pas plus dans la bonne société française de la pudeur de la jeune fille qu’on ne s’était inquiété de son amour. Moins encore songeait-on au recueillement que voudrait l’âme pieuse qui vient de contracter devant Dieu un engagement solennel.