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mesure, puisqu’elle a procuré à son fils l’avantage d’obtenir comme Suisse une place d’élève au collège des Quatre Nations ; et que depuis la révolution française il n’a point été envisagé comme émigré malgré sa rentrée en Suisse.

Que tenant toujours à sa patrie et à celle de ses pères, elle vient supplier Vos Seigneuries de lui rendre le bien qu’elle a perdu par son mariage en lui accordant pour elle et son fils des lettres de nationalité ; persuadée qu’aucune raison politique ne contrariant la faveur qu’elle sollicite, Vos Seigneuries daigneraient avoir égard à sa position et à la notoriété des faits allégués qui sont connus de la plupart des membres de cet illustre gouvernement.

Elle se permettra de rappeler à Vos Seigneuries le souvenir mêlé de tendresse et de vénération qu’on conserve icy pour feu son oncle paternel le chancelier Huguenin, l’amitié qu’on y a eue pour son frère Casimir Huguenin, officier aux Gardes Suisses, qui réformé en 1763 obtint une reconnaissance de sa qualité de sujet et bourgeois dans cet État.

Enfin elle ose mettre en avant son attachement invariable pour la patrie de son père, sentiment aussi naturel que légitime, et dont elle ne parlerait point, si elle ne l’eût manifesté dans des tems plus heureux, par le désir de s’en rapprocher après son veuvage en 1784, désir toujours contrarié par de fâcheuses circonstances, mais qu’elle voit aujourd’huy la possibilité de satisfaire, si Vos Seigneuries, ainsi qu’elle l’espère de leurs bontés et de leur équité, lui accordent la grâce qu’elle sollicite avec instance en se répandant en vœux pour leur constante prospérité.

À Neufchatel, le 5 février 1797.

Signé : Sophie-Élisabeth Huguenin,
Vicomtesse de Flavigny.


Sur la requête cy-dessus, après avoir délibéré. Il a été dit que, vu le cas particulier, le Conseil accorde à la requérante et