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Plus de quarante ans après, je ressentais encore cette influence. Au retour d’une excursion sur les bords du Rhin, j’essayai de rendre l’impression que j’avais eue, en revoyant à Francfort la statue de Goethe, dans le sonnet que voici :


C’était par un long soir de la saison puissante
Qui prodigue à la terre et le fruit et la fleur,
Emplit de gerbes d’or le char du moissonneur
Et gonfle aux ceps ployés la grappe jaunissante.

Les derniers feux du jour et leur calme splendeur,
Au loin, du mont Taunus doraient la cime ardente.
Le bel astre d’amour qui brille au ciel de Dante
Montait sur la cité de l’antique empereur.

Sur le haut piédestal où ta gloire s’élève,
D’un regard de Vénus, doucement, comme en rêve,
Ô Goethe ! s’éclairait ton grand front souverain,