Page:Stern - Mes souvenirs, 1880.djvu/75

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gement en matière d’art faisait autorité dans la famille. Plus riche et plus constamment présente, restée plus parfaitement francfortoise et bourgeoise que ses autres sœurs, dont la plus jeune avait, comme ma mère, épousé un gentilhomme, le baron de Mettingh, avec lequel elle habitait Munich et fréquentait la cour, ma tante Hollweg était, après l’oncle, le personnage important du cercle de famille. On y voyait, autour d’elle, ses deux filles, mesdames Grunelius et de Saint-George, avec leurs enfants, et, de loin en loin, son fils, Auguste Hollweg, jurisconsulte distingué, élève de Savigny, qui, plus tard, devint possesseur du beau château de Rheineck sur les bords du Rhin, curateur de l’université de Bonn, député aux premiers États-Généraux de Prusse, conseiller d’État et ministre des cultes sous le règne du roi Guillaume IV[1].

    fleur de l’âge, inconnu encore de tous, et pleuré seulement de sa mère. Mais l’amour maternel et le génie de l’art ont conjuré l’oubli sur sa tombe. Le nom de l’adolescent généreux et le noble élan de son cœur sont perpétués à jamais dans le marbre impérissable. Le bas-relief de Thorwaldsen, bien qu’il ne représente qu’une scène de famille, ne manque pas de grandeur. On y voit la mère de Pbilippe, au moment où elle vient d’apprendre la fatale nouvelle, affaissée, éplorée, soutenue par ses deux filles. Le fleuve Arno, personnifié dans le bas-relief, à la manière de la Renaissance, sous les traits d’un vieillard à la longue barbe, appuyé sur sa rame, et couronné de roseaux, est une des œuvres les plus fines du ciseau de Thorwaldsen.

  1. On a de lui des ouvrages estimés, entre autres : Gerichts-verfassung und Process des sinkenden römischen Reichs. 1834. Ursprung der lombardischen Stœdtefreiheit. 1846.