Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/101

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Il faut nécessairement que les passions soient combattues par les passions. Voilà pourquoi les plus grands pécheurs deviennent les plus zélés dévots. C’est une conséquence naturelle à une infinité de gens, qui credunt multùm et peccant fortiter.

Pour moi, j’ai la confiance intime que la douce mousson de notre orthodoxie anglicane est assez forte pour envoyer mon ame au ciel. Mon frêle esquif n’est pas lesté de péchés assez pesans pour qu’il ne marche que par un vent orageux ; et je crois qu’après la cessation des oracles, on peut être assez inspiré par la grâce, pour n’avoir pas besoin de convulsions.

Je suis certain qu’il y a un Dieu en haut, comme je suis certain que je suis ici bas : ma certitude est la même. Comment serois-je autrement sur la terre ? dites-moi, comment j’y suis venu, comment j’y suis ? ce n’est pas de moi-même.

Dieu existe : il doit aimer la vertu, et détester le vice. Il doit, en conséquence, récompenser et punir. Si nous ne lui devons aucun compte, nous sommes les plus singuliers animaux qui soient sur la surface de la terre.

Lorsque l’ame a pris son vol, et qu’elle