Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/102

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a laissé le corps se résoudre en la poussière du tombeau, la vaine philosophie du siècle combattra-t-elle la résurrection de l’homme ? Consulte, raisonneur, une chenille ; et le papillon résoudra ta question. Vois-la d’abord, inerte, paresseuse, rampant lentement sur la terre, et se nourrissant de l’herbe des champs. Après sa métamorphose, et sa résurrection, c’est un Séraphin aîlé : il est glorieux, léger comme l’air, actif comme le vent ; il aspire la rosée de l’aurore ; il extrait des fleurs aromatiques, le nectar et l’ambroisie.

La fable de l’hydre est depuis long-temps vérifiée : elle est, dis-je, surpassée au-delà même des bornes que l’imagination la plus extravagante lui auroit données par la réalité du polype, qui engendre de ses sections. Les analogies de la nature démontrent par-tout les voies de la providence.

Trouverons-nous sans cesse impossible ce à quoi notre insuffisance ne peut atteindre ? n’y a-t-il pas dans la nature des mystères sans nombre que les événemens révèlent, ou que la philosophie expérimentale démontre chaque jour ? présumerons-nous, après cela, de limiter les pouvoirs de l’auteur même de la nature ?

Qui a créé la matière ? qui lui a donné le