Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/109

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persécution pour l’amour de dieu, est le système le plus absurde et le plus contraire à l’écriture.

J’ai, en effet, trouvé toujours fort extraordinaire, que depuis que les hommes sont assez dépravés pour se persécuter au sujet de leur croyance, il n’y ait pas eu cependant chez les payens des auto-da-fé, des inquisitions, et des croisades.

Dans les siècles d’ignorance et de barbarie, où, le diable, selon les théologiens, gouvernoit l’Église, rendoit des oracles équivoques, ordonnoit des impuretés, et exigeoit des victimes humaines, des frères ne combattirent point contre des frères, des nations ne s’armèrent point contre les nations, pour des opinions religieuses.

Et aussitôt que, par sa miraculeuse interposition. Dieu eut bien voulu prendre l’église dans ses propres mains, le siècle de l’impiété et de la cruauté commença : un peuple chrétien et pacifique tira l’épée ; et des préceptes de concorde et d’amour produisirent la haine et la dissention.

Un prêtre chrétien (ai-je dit chrétien ?) m’apprend que la raison de cette différence remarquable est, que les payens n’avoient pas un seul article de foi pour lequel il valût