Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/110

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la peine de se battre ; qu’ils supposoient tous que l’ame périssoit avec le corps ; que la formule post mortem nihil est, étoit leur symbole  ; et que ceux de leurs philosophes, qui admettoient une existence postérieure au trépas, nioient les peines de l’enfer. Non est unus, dit Cicéron, tam excors, qui credat.

Ainsi donc, suivant ce bon prêtre catholique, pendant que les ténèbres de la mortalité de l’ame et du matérialisme couvroient la surface de la terre, la paix, l’amitié et la bienveillance régnoient sous ce voile obscur : la guerre, les persécutions, et la haine vinrent à la lumière du christianisme.

Lorsque l’immortalité de l’ame est confiée au soin du vicaire du Christ sur la terre, comment des prêtres, qui jettent au feu le corps d’un hérétique, et damnent son ame, peuvent-ils s’appeler des prêtres de l’agneau ?

Oui, je diffère en tout de l’orthodoxie d’un pareil article, et je pencherois plutôt vers la doctrine de Cicéron, que je viens de citer, quoiqu’il soit lui-même dans les ténèbres du paganisme. Croire à la post-existence de l’ame, et la damner, ce n’est pas éclairer ; c’est brûler.