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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/115

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que, frappé de quelque terreur subite, ce qui est fort naturel à un aussi jeune voyageur, il n’arrivoit à sa destination qu’avec des esprits épuisés et dissipés ? — Qu’avec sa vigueur musculaire et virile, réduite à un fil ? Qu’avec sa forme défigurée et mutilée ? — Et que, réduit à ce triste état, il fût sujet à des frayeurs soudaines, ou à une suite de rêves et de fantaisies mélancoliques pendant neuf mois entiers ? — Je tremble toutes les fois que je songe à cette source féconde de foiblesse de corps et d’esprit. — Encore si l’habileté du médecin et du philosophe pouvoit y remédier !



CHAPITRE III.

En voilà l’effet.


C’est à M. Tobie Shandy, mon oncle, que je dois l’anecdote que j’ai rapportée dans le premier chapitre. Mon père, qui étoit à la fois philosophe et naturaliste autant qu’on peut l’être, et qui raisonnoit avec beaucoup de justesse et de netteté, singulièrement sur les petites choses, s’étoit souvent plaint à lui de l’échec que j’avois reçu ; et dans une occasion, dont mon oncle Tobie, qui avoit