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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/114

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que leurs recherches, et qui s’imaginent, malgré cela, que c’est la sublimité de leur esprit qui les distingue, nous prouvent, d’une manière incontestable, qu’il est créé par la même main, formé par les mêmes lois de la nature, doué des mêmes puissances mouvantes et abaissantes, et qu’il a enfin les mêmes facultés que nous. — Il est composé, comme nous, de chair et d’os, de peau, de cheveux, de veines, d’artères, de ligamens, de nerfs, de muscles, de moëlle, de glandes, de cervelle, d’humeurs qui circulent, d’articulations… Et qu’avons-nous en grand qu’il n’ait pas en petit ? Rien du tout, monsieur, rien. C’est un être aussi actif que nous, et, dans toutes les acceptions du mot, il est aussi véritablement notre prochain, que le chancelier d’Angleterre. — Il peut éprouver du bien être ; il est exposé à des injures ; il est susceptible de plus de perfection : — en un mot, il jouit de tous les droits et de toutes les prétentions de l’humanité, dans le degré que Cicéron, Puffendorf, et tant d’autres écrivains moralistes qui en parlent, attribuent à son état relatif.

Et que voudriez-vous, d’après cela, mon cher monsieur, qu’il devînt, si, seul sur la route, il lui arrivoit quelque accident, ou