Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/117

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CHAPITRE IV.

Que de maris sont moins sûrs !


Il y a une foule de lecteurs dans le monde, et de gens qui ne lisent point du tout, qui veulent savoir d’abord tout ce qui vous regarde, et si on ne les satisfait pas, leur inquiétude perce de toutes parts. N’en ayez point, chers amis. Je suis d’un naturel complaisant, et je ne voudrois pas, pour toutes choses au monde, frustrer qui que ce fût dans son attente. C’est même à cette disposition que vous devez déjà les particularités que je vous ai révélées. Je ne vous priverai point du reste. — Mais, avec la volonté la plus décidée de vous plaire, j’ai des précautions à prendre. — Ma vie et mes opinions feront vraisemblablement du bruit dans le monde. — Elles me donneront occasion de parler de toutes sortes de personnes. — Le sexe, les âges, les conditions, tout cela se trouvera sous ma plume.

Mon Livre sera au moins aussi couru que les Progrès du Pélerin. Quel chagrin pour moi, s’il avoit le sort que Montaigne craignoit