Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/124

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gens, est, à mes yeux, le plus vil de tous. — Eh ! qu’y ai-je jamais gagné ? Depuis que je respire, jusqu’à ce moment, où à peine puis-je respirer du tout, à cause d’un asthme que j’ai attrapé en Flandre, en glissant contre le vent sur des patins, j’ai été le jouet perpétuel de ce qu’on appelle fortune. — Je ne l’accuse cependant pas d’avoir fait tomber sur moi un poids énorme de malheurs.

Non ; mais dans toutes les situations où je me suis trouvé, partout où elle a pu m’atteindre, cette capricieuse déesse n’a point cessé de m’accabler par des aventures tristes. — J’ai essuyé plus de traverses qu’un petit héros.



CHAPITRE VI

Les volontés sont libres.


Le moment de ma naissance est, ce me semble, connu du lecteur d’une manière assez exacte ; mais je ne lui ai point dit comment je suis né. C’est que cela vaut un chapitre particulier. D’ailleurs, il y a encore, monsieur, si peu de familiarité entre nous, qu’il auroit peut-être été hors de propos que je vous eusse fait part, en si peu de temps, d’un trop grand nombre de mes aventures. — Ayez un peu de