Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/123

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la révolution de neuf mois plus que complets du calendrier. — Le mari le plus pointilleux ne pourroit, je crois, exiger plus de justesse.

Mais sous quelle étoile suis-je né ? — Sur quelle planète ai-je été jeté ? Je l’avoue. Excepté Jupiter et Saturne, où il fait trop froid, (je crains le froid) je préférerois d’avoir vu le jour dans la lune, ou dans quelque autre astre. — Je n’y aurois sûrement pas été plus maltraité que je ne le suis sur cette planète de boue que nous habitons. Je me défie pourtant de Vénus. — C’est un astre malin. — On dit qu’elle traite si mal ses habitans, qu’ils sont obligés de déserter, et de se réfugier dans Mercure. — Mais, hélas ! notre petit globe n’est-il pas encore pire ? Je croirois volontiers qu’il n’est composé que de ce qu’on rejette des autres. — Il faut cependant l’avouer, il seroit supportable si l’on y étoit né avec de grandes richesses, si l’on pouvoit y parvenir, sans bassesse, à de grands emplois qui vous donnassent de la considération et du pouvoir. — Mais ce n’est pas là mon sort, et chacun, comme on sait, parle de la foire selon le profit qu’il y fait. J’atteste donc que de la multitude des mondes qui se promènent dans les espaces du ciel, la terre, quelqu’attachés qu’y soient certaines