Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/126

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vous à votre aise. — Riez avec moi, si bon vous semble ; et même si cela vous est plus agréable, riez de moi. — Faites, en un mot, ce qu’il vous plaira ; mais ne vous fâchez pas.



CHAPITRE VII.

Et oui ! chacun a son ton, son allure.


Il ne faut pas être un habile grammairien pour savoir qu’une femme sage et une sage-femme peuvent bien ne pas se rencontrer dans la même personne. — Mais le village où demeuroit mon père recéloit un individu féminin, qui réunissoit à lui seul ces deux qualités différentes. — C’étoit une femme de la plus haute taille. — Je ne sais si elle avoit eu autrefois de l’embonpoint… En tout cas, elle étoit devenue si maigre, qu’elle auroit pu, au besoin, faciliter l’étude de l’anatomie. — Elle avoit surtout des doigts si longs, si pointus, si effilés ! — Avec cela elle étoit industrieuse. Jamais femme ne fut pourvue d’un meilleur naturel, et on sait que c’est beaucoup à défaut d’autre chose. — Pour du bon sens !… on lui en accordoit, mais peu. — Cela suffisoit pourtant, avec quelque expérience pour la guider dans les fonctions

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