Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/127

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importantes de son art. — Il est vrai qu’il y a moins de confiance que dans les efforts de la nature ; et j’ai oui dire à bien des médecins qu’ils feroient très-bien de penser comme elle. — Ses succès n’en avoient pas été moins fréquens, et elle s’étoit acquis une certaine réputation dans le monde. — Mais qu’on ne s’y trompe pas ; ce n’étoit pas le monde entier. Elle n’étoit pas connue, par exemple, des Hottentotes, ni des Hollandoises du Cap de Bonne-Espérance, qui accouchent, dit-on, comme madame Gigogne. — Le monde n’étoit pour elle qu’un petit cercle, décrit sur le grand cercle de l’univers, et qui n’avoit au plus que quatre milles de diamètre. — Son hameau en étoit le centre. — Elle avoit quarante-sept ans, quand son mari, en mourant, la laissa veuve avec trois ou quatre enfans, et pauvre. — Ses charmes, à ce qu’on prétend, n’étoient pas encore entièrement effacés ; elle n’y prit pas garde, et se comporta avec décence. On ne l’entendoit point se plaindre ; mais le silence qu’elle gardoit sur sa misère, réclamoit plus haut que ses cris ne l’eussent pu faire, le secours d’une main favorable. — La femme du ministre de la paroisse en fut touchée. — Elle avoit souvent eu occasion de se plaindre personnel-