Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/131

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de tems en tems, pour prendre l’air. — Je ne sais si on y trouve à redire ; mais je ne m’en inquiète pas.

J’avoue cependant, et c’est sans doute à ma honte, que j’entreprends quelquefois des voyages plus longs qu’un homme sage n’en devroit faire ; mais il est vrai en même tems que je ne suis pas un homme sage. — Hélas ! que suis-je ? Un être si peu important dans ce monde, que mes actions ne méritent guère d’être observées. — Ne vous imaginez pas cependant que ma situation me coûte à supporter ; elle ne me cause que peu ou point de chagrin. Ma tranquillité ne se trouble point à l’aspect d’un tas de grands seigneurs, tels que milords A. B. C. D. E. F. G. H. I. K. L. M. N. O. P. Q. et tant d’autres qui passent en revue devant moi, montés sur leurs califourchons. — Les uns marchent d’un pas grave....... les autres courent le grand galop, à toute bride, à travers les champs, comme s’ils vouloient se casser le cou. — Tant mieux, me dis-je à moi-même. Eh ! qu’importe que ce malheur leur arrive ? Le monde ne se passeroit-il pas bien d’eux ? — Mais les autres ? Patience. Que Dieu les bénisse ! Ils peuvent aller à cheval aussi longtems qu’ils voudront, sans que je m’y oppose…