Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/134

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C’est une épître absolument vierge, et pas une ame vivante ne l’a lue.

J’appuie sur ce point, et j’ai mes raisons ; c’est pour prévenir toutes les tracasseries qu’on pourroit me faire sur la manière dont j’en veux tirer parti. — Paroissez, amateurs, elle est à vendre ; — je la mets à l’encan.

Il est bien permis, je crois, à un auteur, de faire tourner ses veilles et ses travaux à son plus grand avantage. — Mais je déteste de marchander sur ce point. — Et qu’est-ce que font quelques guinées de plus ou de moins ? — C’est ce qui m’a d’abord engagé à en agir ouvertement avec les grands dans cette affaire. — J’y trouverai peut-être mieux mon compte.

S’il y a donc dans le monde quelque prince, duc, marquis, comte, vicomte ou baron, qui ait besoin de mon épître, elle est à son service ; il peut parler. — Je la lui donne pour cinquante guinées ; — sans cela je la garde. C’est vingt guinées de moins que je ne pourrois la vendre à un homme de génie.

Examinez-là encore une fois, milord. Ce n’est pas un de ces morceaux de flatterie grossière qui insulte celui à qui on l’adresse. — Vous voyez que le dessin en est bon, le coloris transparent, le coup de pinceau passable.