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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/141

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doute, il avoit tout cela ; c’étoit une emplette de sa jeunesse ; mais toutes ces belles choses étoient attachées à un clou derrière la porte de son cabinet. — Il en avoit donné d’autres à son cheval, qui seyoient mieux à sa figure. Il étoit homme d’ordre. On l’eût pris pour un fou, s’il eût agi pour son cheval, comme ces vieilles coquettes, qui, à force de carmin, essaient de faire revivre, sur leurs visages décrépits, les roses de la jeunesse……

Il ne laissoit pas que de sortir souvent de chez lui, et l’on pense bien que lorsqu’il alloit, ainsi monté, voir ses confrères, il trouvoit sur son chemin de quoi exercer sa philosophie. — Les gestes de l’un, les propos de l’autre ! — Il n’entroit pas dans un village, qu’il n’attirât l’attention de tout le monde. Les hommes, les femmes, les enfans, les vieillards, tout se mettoit sur son passage. — Les travaux cessoient, le sceau restoit suspendu au milieu du puits ; le rouet à filer étoit sans mouvement : — on oublioit la fossette et le trou-madame. Son allure n’étoit pas rapide, et il avoit tout le tems de faire ses observations, d’écouter les soupirs des gens graves, les quolibets des mauvais plaisans, les railleries des frondeurs. — Il souffroit tout cela avec une tranquillité stoïque. — Son