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Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/142

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caractère le portoit naturellement à la plaisanterie. — Il se voyoit lui-même dans le vrai point du ridicule, et il ne trouvoit pas mauvais que les autres eussent sur son compte les mêmes yeux que lui. — Je le citois l’autre jour à un poëte de ma connoissance, pour tâcher, par l’exemple, de le mettre à l’unisson du public, sur l’opinion qu’on a, et de ses satyres, et de ses tragédies, et de ses panégyriques, et de ses traductions, — Ciel !… il m’auroit volontiers coupé la langue. — Mon cher ministre, où te trouver des imitateurs ? — Ses amis savoient que ce n’étoit point par une sordide épargne qu’il alloit de cette manière, et ils le railloient avec liberté sur son extravagance. — Il auroit pu faire cesser tous ces sarcasmes, en leur disant les raisons qui le faisoient agir ainsi ; mais il aimoit mieux se joindre à eux contre lui-même. — Ne voyez-vous pas, leur disoit-il, que je suis miné par une consomption qui me mène rapidement au tombeau ? Le cavalier ne mérite pas un autre cheval ; l’un avec l’autre, nous avons l’air de n’être que d’une pièce ; nous ressemblons à un Centaure. — La vue d’un cheval qui auroit eu de l’embonpoint, lui auroit causé, dans l’état où il étoit, une altération sensible dans le pouls. — Il en seroit peut-