Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/152

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un, monsieur, que vous n’êtes qu’un sot. — Ce n’est pas cependant qu’il n’y ait des degrés, des échelons intermédiaires. Le thermomètre ne s’élève et ne s’abaisse pas tout-à-coup ; mais les extrémités sont plus communes en Angleterre qu’ailleurs. — Il semble que la nature s’y joue également du génie et de la température de l’air. — La fortune n’est pas plus fantasque dans la distribution de ses présens.

C’est ce qui m’a fait hésiter sur les idées que j’avois de l’extraction primitive d’Yorick. — Ce que ma mémoire me rappeloit de lui, ce que j’en avois oui dire, me prouvoient que ses veines n’avoient pas conservé une goutte du sang danois. Il avoit effectivement eu le temps de s’écouler ou de s’évaporer pendant neuf siècles. — Je me défends de philosopher avec vous sur ce point. — Cela est arrivé, le fait est exact, et cela me suffit : qu’importe la manière ? — On ne trouvoit donc plus dans Yorick ce froid flegmatique, cette régularité précise d’esprit, de bon sens et d’humeur, qui sembloient devoir se trouver dans un homme de son origine. — C’étoit au contraire un composé d’élémens si subtils, si effervescens, si extraordinaires, si singuliers, si hétéroclytes même… Il étoit en même temps si