Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/159

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pour vous attaquer, en sera affecté. — On jetera des doutes sur tout ce que vous direz. La vérité qui passera par votre bouche, ne sera plus qu’une imposture. Vous serez accablé de calomnies. — On tournera votre esprit en ridicule, et avec toutes vos connoissances, toute votre littérature, on vous foulera aux pieds. — Vous peindrai-je la dernière scène de votre tragédie ? La cruauté et la lâcheté, assassins jumeaux, vendues, livrées à l’obscure malice, attaqueront toutes vos fragilités, toutes vos foiblesses. — C’est-là le point d’attaque qui a emporté d’assaut les mortels les plus dignes et les meilleurs. — Et croyez-moi, croyez-moi, mon cher Yorick, dès qu’une fois la vengeance, pour se satisfaire, a conçu le dessein de sacrifier un innocent destitué de tout secours, il est aisé de ramasser, dans le moindre hallier, autant de bois qu’il en faut pour former le bûcher où on veut l’immoler. » —

Yorick ne pouvoit écouter cette funeste prédiction sans verser des larmes. — Il se promettoit même d’être à l’avenir plus avare de ses plaisanteries. — Mais, hélas ! il étoit trop tard. — La grande confédération, qui avoit à sa tête et Monsieur… et Monsieur… et