Aller au contenu

Page:Sterne - Œuvres complètes, t1-2, 1803, Bastien.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Monsieur… étoit déjà formée, et le plan de l’attaque fut exécuté tout-à-coup, et de la manière qu’Eugène l’avoit prédit, avec si peu de compassion du côté des alliés ! avec si peu de soupçon du côté d’Yorick ! Il étoit si éloigné de songer à ce qui se tramoit contre lui, qu’il n’avoit jamais cru sa promotion à l’épiscopat plus sûre. — Mais on avoit déjà coupé la racine : il tomba comme tant d’autres hommes de mérite avoient tombé avant lui.

Il se défendit cependant avec courage pendant quelque temps. — Accablé enfin par le nombre, épuisé par tant d’efforts, et encore plus par la manière indigne dont on lui faisoit la guerre, il fut forcé de mettre bas les armes. — Il conserva, dit-on, du moins en apparence, la gaieté et la vivacité de son esprit jusqu’à la fin. — Mais on croit qu’il est mort le cœur navré de douleur et de chagrin.

Eugène, quelques heures avant qu’il rendît le dernier soupir, s’approcha de son lit, dans l’intention de lui dire le dernier adieu. — Il lui demanda comment il se trouvoit. — Yorick le fixe, prend sa main, le remercie de toutes les marques d’amitié qu’il lui a données ; « et si je vous rencontre dans l’autre monde, ajouta-t-il, je vous réitérerai mes remercîmens. — J’échappe à mes ennemis